Belarus #11 – Que faire à Minsk (quand ce n’est pas la révolution) partie 1/2

Chères amies et chers amis (bonsoir),

Comme vous le savez, je suis une personne très obsessionnelle mais j’aime également varier les plaisirs. Et, quand je ne vous parle pas de la ville de Roussé en Bulgarie où j’ai passé quelques mois en ce début d’année, je retourne à mon autre thème de prédilection, Minsk, au Bélarus, où j’ai vécu l’année dernière. Peut-être qu’un jour j’épuiserai tous les sujets liés à ces deux destinations que j’affectionne particulièrement et je réussirai à vous parler de choses un peu plus d’actualité ? Ou alors je ressortirai carrément des archives de ma mémoire, par exemple, à quoi ressemble la vie au Congo, ou quel itinéraire suivre pour deux semaines en Argentine (mais ça, on verra quand les frontières rouvriront).

Mais je tiens à dire toutefois que cet article reste très ancré dans le présent et qu’ici je tente de faire, à nouveau, un pied-de-nez à l’actualité médiatique biélorusse, pour le moins légèrement déprimante. Vous vous rappelez, la dernière fois je vous parlais des groupes de musique biélorusse pour changer un peu du sempiternel « Lukashenko a dit qu’on pouvait soigner le Covid à la vodka » ? Et bien aujourd’hui, on ne parle plus pandémie mais élections, puisque le président biélorusse est candidat à sa propre réélection pour… un sixième mandat. Bah oui, 25 ans au pouvoir, apparemment c’est pas assez pour faire le tour du poste.

Bref, les élections ont lieu le 9 août prochain et l’opposition commence à se faire entendre à travers 3 madames plutôt stylées, et pas mal de rassemblements citoyens qui portent les autres couleurs du Bélarus (le drapeau blanc, rouge, blanc). Certes, ce n’est pas encore la révolution, mais ça y ressemble un peu, non ? Depuis la France, j’entends filtrer un peu d’informations sur ces initiatives, mais surtout beaucoup de « Biélorussie, dernière dictature d’Europe, Lukashenko, arrestations, répressions, prisonniers politiques »… Et franchement, ça me déprime parce que tout ça, c’est quand même la réalité actuelle du pays. Je soutiens donc de tout coeur les biélorusses qui, au même âge que moi, n’ont jamais connu d’autre président ou d’autre système, et essaie de faire entendre leurs voix aujourd’hui.

Personnellement, néanmoins, je considère mon rôle comme celui d’ambassadrice de la culture biélorusse (haha oui oui, rien que ça) et, si je souhaite sensibiliser mes lecteurs à la situation politique et sanitaire actuelle en Biélorussie (ce n’est pas le moment d’aller là-bas pour vos vacances je pense), je veux aussi montrer que c’est un endroit formidable à visiter. Voilà je termine ici mon introduction qui fait trois pages et je rentre dans le vif du sujet (ah bah quand même !!) puisque je vais vous parler de toutes les choses incroyables à faire à Minsk, certaines touristiques et d’autres beaucoup moins, de cette ville que j’ai aimé découvrir et de tous ces endroits qui me remplissent de love à chaque fois que j’y repense 😀

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Allez hop, toute la famille en Free Walking Tour, même avec la pluie !

J’ai une énorme passion pour les « Free Walking Tour », ces visites guidées pédestres, gratuites, proposées par des locaux, et présentes dans la majorité des grandes villes européennes. Chaque personne qui est venue me rendre visite à Minsk a commencé son séjour par un Free Walking Tour. Pour moi, c’est vraiment la base. Surtout quand ils sont d’une aussi grande qualité que ceux de la capitale biélorusse ! Et je sais de quoi je parle puisque j’ai réalisé cette visite 5 fois. Et si vous tombez sur Bagdan comme guide, alors c’est encore mieux ! Le tour dure environ 2 heures et vous découvrirez non seulement l’histoire du pays, mais aussi les principaux monuments de Minsk, quelques éléments pour comprendre la culture biélorusse, sans oublier, bien sûr, des  recommandations pour aller manger quelque chose de typique après la visite (bah oui, toute cette marche, ça creuse). Laissez un pourboire à votre guide (oui c’est gratuit mais quand même…) et roulez jeunesse !

Pendant mon année en Biélorussie, je n’ai pas seulement passé mon temps à visiter la ville, j’ai également fait visiter à des locaux leur propre musée ! Vous pensez peut-être que c’est un peu cocasse, une étrangère qui donne des informations sur les mouvements artistiques d’un pays qu’elle ne connait pas, mais que nenni ! C’était en réalité une expérience très enrichissante pour tout le monde. D’une part parce que ça m’a permis d’apprendre beaucoup sur l’art en général et la culture biélorusse en particulier, et d’autre part car mes groupes, qu’ils soient scolaires ou libres, ont apprécié les ateliers interactifs que nous avons pu proposer avec mes collègues du musée. Bref, il y aurait beaucoup de chose à dire sur ce sujet, en tous cas le musée national d’arts de la République de Biélorussie est l’un des principaux de la ville, il est situé en plein centre, ses collections sont de qualité, et en plus, il y a une boutique ! Faites attention en revanche à ne passer à côté du deuxième bâtiment (gigantesque) du musée, accessible seulement par une micro-porte au fond de la salle principale (c’est déjà arrivé…).

C’est de loin le musée le plus célèbre de Minsk du fait principalement de son architecture disons, avant-gardiste, et de sa thématique qui reste très actuelle dans le coeur des biélorusses : l’histoire de la Grande Guerre Patriotique (qu’on appelle chez nous Seconde Guerre Mondiale). Vous y trouverez des kilomètres d’objets, d’images, de souvenirs racontant cet épisode de l’Histoire qui fut, certes tragique pour l’ensemble du monde, mais une véritable catastrophe pour la Biélorussie qui a perdu environ un quart (je répète, un quart !) de sa population pendant le conflit, car située dans un endroit très stratégique : pile poil entre Varsovie et Moscou. C’est une visite absolument déprimante mais avec des informations en anglais (contrairement aux autres musées), une scénographie moderne digne des grands musées internationaux sur le même thème, et toute une salle dédiée aux tanks. Vous serez récompensé à nouveau par une boutique et un distributeur de milkshakes chauds (oui, ça existe) à la fin de votre visite.

  • Visiter le musée « Zair Azgur« , le musée « insolite » de notre sélection 

Zair Azgur était un sculpteur biélorusse principalement actif pendant la période communiste. Le musée se trouve dans son ancienne maison et atelier, et est principalement dédié à ses oeuvres avec une toute petite partie consacrée à un artiste contemporain. Le lieu dispose également d’un studio où vous pouvez aller prendre un cours de poterie le samedi (si l’idée vous en dit). Ici, pas de boutique, pas (beaucoup) d’informations en anglais, la visite se fait vraiment rapidement, en plus c’est loin de tout, mais ! Car il y a un mais ! Vous y verrez quelque chose de très rare : une statue de Staline. Alors, autant Lénine est présent à peu près partout en Biélorussie, autant Staline, c’est quand même plus compliqué. Accusé de tous les maux par Khrouchtchev, la déstalinisation des années 1950 et 1960 a entraîné le démontage de toutes les statues à son effigie. Dont une, réalisée par Zair Azgur, qui a pu rejoindre son atelier originel.

  • Manger les meilleures crêpes même pas chères du tout chez Depo
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Malheureusement je n’ai pas de photo à vous montrer, mais juste en face de Depo, vous trouverez ce joli spot photo!

Un des trucs géniaux du Free Walking Tour, c’est que souvent, il y a une petite pause pendant la visite le temps d’aller boire un café, de s’asseoir cinq minutes ou d’aller faire pipi (ils ont vraiment pensé à tout). C’est donc à cette occasion que j’ai découvert Depo, le meilleur endroit de Minsk pour aller manger des crêpes, qu’elles soient salées, sucrées, classiques ou originales, avec un bon café ou une limonade fait maison. Franchement, j’adore cet endroit, c’est cosy comme tout, le service est rapide (sauf quand il y a beaucoup de monde, ce qui arrive quand même souvent, parce que c’est méga bon) et on y mange bien. Vous avez un menu en anglais qui vous offre un choix entre une cinquantaine de crêpes – de celle au lait concentré-noisette (tellement bon) à la fêta-courgette en passant par la bonne vieille chorizo-fromage-je-sais-pas-quoi, vous trouverez forcément votre bonheur. Et si c’est juste pour prendre un café, j’y ai découvert le « White Café Latte » format XL pour avoir votre dose en sucre assurée pour la semaine.

  • Déambuler dans Oktyabrskaya (voir aussi : Kastrychnitskaya) (voir aussi : hipsterland), la rue des graffitis, des lieux alternatifs, des jeunes et des artistes

Voici l’un des endroits les plus hype de Minsk et définitivement pas ce qu’on imagine quand on parle de « la dernière dictature d’Europe ». Cette rue, c’est une bulle de liberté et d’extravagance pour tous les jeunes de la capitale biélorusse. On s’y retrouve pour des événements culturels, pour boire des verres dehors dans la rue (ce qui est normalement absolument interdit) pour sortir danser dans des anciennes usines désaffectées réaménagées en salles incroyables, et j’en passe. Pour ceux qui ne sont pas adeptes de la vie nocturne, allez-y quand même pour admirer les façades colorées pleines de graffitis géants, peints à l’occasion d’un festival de Street-art organisé en partenariat avec l’Ambassade du Brésil (oui, c’est étonnant). De nombreux cafés et boutiques de souvenirs design avec pleins de petits spots mignons pour se poser vous y attendent. Il y a même un Dépo pour manger des crêpes. Et une mini-statue de Lénine.

  • Boire des Minsk Mule à Hooligan (mais ne pas venir avec des symboles de l’opposition)

Sans transition, l’un de mes bars préférés de la rue d’Octobre (celle dont je vous parle juste au dessus), le Hooligan ! Cet endroit m’a marqué à tout jamais le jour où l’on m’a servi un cocktail au doux nom de « Minsk Mule » (c’est comme un « Moscow Mule » mais avec de la vodka locale), qui, de une était super bon, et de deux, avait une paille faite en pâte. Ou plutôt une pâte en guise de paille ! N’est ce pas une idée fantastique ? Mieux que le plastique, mieux que le carton, on peut même manger sa pâte-paille à la fin… Bref, du génie à l’état pur. Suivant les soirées les DJ sont plus ou moins stylés mais dans l’ensemble la programmation est sympa. Il y a également un babyfoot secret au fond à gauche, derrière un rideau à côté de la scène. Petit bémol : les videurs à l’entrée ne vous laisseront pas entrer si vous portez des t-shirts au symbole de l’opposition ou genre un gros drapeau blanc, rouge, blanc. Apparemment c’est pour éviter les bagarres. Ambiance bouillante donc !

  • Faire ses courses à Okean, le supermarché le plus stylé du monde, et manger au petit restaurant juste à côté

Si j’ai bien tout compris, à l’époque soviétique, Okean (qui signifie « océan » en russe, vous l’aurez peut-être deviné) était une chaîne de poissonnerie. Aujourd’hui il n’en existe plus qu’un à Minsk, situé à proximité de la place de la Victoire, et c’est plutôt un petit supermarché classique à tendance denrées de la mer. Mais pas tout à fait classique non plus. Déjà parce que du coup ça sent bon le poisson, et, dans un pays sans mer, c’est pas une odeur courante. Ensuite parce que l’ensemble des murs de ce supermarché sont argentés et brillants, censés rappeler les écailles d’un poisson. Aussi parce que l’endroit pour acheter de l’alcool a une forme de gros bateau en bois. Enfin parce qu’on y trouve un pain excellent pour vraiment pas cher, ce qui, chers amis, est très rare au Bélarus. Juste à côté du supermarché vous trouverez un petit restaurant sans prétention (mais avec les mêmes écailles argentées sur les murs) qui proposent pleins de plats typiques à un prix défiant toute concurrence. J’aime beaucoup cet endroit car il est à la fois simple, central, très bon, et qu’il a une véritable ambiance locale puisque ce n’est pas du tout un lieu touristique.

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Le marché à la fermeture

Pourquoi ce marché s’appelle t-il le marché aux moustiques ? Aucune idée ! Honnêtement, allez-y sans crainte, mais avec l’appétit bien ouvert : sous vos yeux se déploient toutes les spécialités locales, servies par des madames (et parfois des messieurs) encore plus locales. Il y a un marché couvert ouvert toute l’année, et un marché en plein air qui ouvre au printemps. N’hésitez pas à faire savoir que vous êtes un touriste et, avec un peu de chance, vous pourrez goûter quelques charcuteries soigneusement préparées, ou un peu de fromage. Mais plus que pour la nourriture (même si c’est très important, on est d’accord), faites-y un tour pour l’ambiance. Et en été, quand il fait bien chaud, goûter une spécialité d’Europe de l’Est, le kvas, une sorte de bière sans alcool au goût de pain hyper rafraîchissante. Perso j’en bois des litres.

Je m’arrête ici pour aujourd’hui parce que, bon, vous avez déjà quelques idées ! En espérant que ça vous donne envie de visiter Minsk un jour ! 🙂

5 réflexions sur “Belarus #11 – Que faire à Minsk (quand ce n’est pas la révolution) partie 1/2

  1. Ne croyez-vous pas que le marché Komarovka porte ce nom en l’honneur du cosmonaute Vladimir Komarov plutôt qu’en l’honneur des moustiques , animaux peu appréciés et peu présents du reste en BiéIélorussie. Quant au Musée de la Grande guerre patriotique, je l’ai visité en son temps (càd il y a 30ans), c’était un musée gigantesque , , peu de visiteurs,avec des séries de salles plus ou moins vides, malgré tout intéressant, car émouvant, mais vous dites qu’il s’est modernisé.

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    1. C’est peut être en effet une explication de ce nom ! Honnêtement, tous les Biélorusses que j’ai rencontré m’en ont parlé comme du marché aux moustiques. Par ailleurs, pour m’être baladé vers la Bérézina au mois de juillet, je peux vous dire, ils sont très nombreux. Le Bélarus est plein de lacs et de marécages, donc, moustiques, évidemment… Le Musée de la Grande guerre a en effet changé de localisation. Il est dans un nouveau batiment désormais, très moderne, je crois que cela n’a rien à voir avec celui d’avant. 🙂

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  2. Coucou, je vis à Minsk et je réalise que je n’ai presque rien vu de tout de ce que vous indiquez. Je trouve très bonnes certaines de vos suggestions, déjà sur ma liste de choses à faire ! Minsk est une ville culturellement très riche et effectivement on y trouve pas mal d’artistes. J’attends la deuxième partie avec impatience…

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    1. Merci pour votre commentaire Laurent ! N’hésitez pas à partager vos impressions par la suite 🙂 La deuxième partie sera publiée dès demain…!

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