6 choses que vous ne saviez pas sur la Serbie

Ah, la Serbie ! Pays merveilleux et ô combien surprenant, qu’on apprend à aimer malgré toutes ses imperfections, parfois en dépit du bon sens et, sûrement, car au fond, ce sont ses paradoxes qui nous attirent. Un peuple résilient, généreux, drôle et spontané, mais aussi profondément tiraillé, ne sachant pas quelle direction prendre : Tradition ou Modernité ? L’Est ou l’Ouest ? Un Café ou un Coca ?

Aujourd’hui, il n’est pas question d’analyser ici la complexité de l’identité serbe (loin de moi cette prétention) ! Au contraire, l’idée est de vous faire découvrir quelques éléments emblématiques de cette culture, alors que je fête mes 6 ans de visites ! Et oui, c’est en avril 2018 que je pose mon sac à dos en Serbie pour la première fois, et, je vous le racontais déjà dans cet article. Depuis, j’y retourne au moins une fois par an, et j’essaye à chaque fois de vous en ramener une nouvelle histoire. Mais alors, c’est quoi, la Serbie ?

1) En Serbie, on utilise non pas un, mais deux alphabets : le latin et le cyrillique

Je vous le disais en début d’article, la Serbie est un endroit plein de paradoxes. Heureusement, c’est également un pays où chaque problème trouve une solution (plus ou moins bancale parfois mais une solution quand même). À la question : quel alphabet utiliser pour notre langue, le latin (comme en Croatie) ou le cyrillique (comme en Bosnie et au Monténégro), les Serbes ont répondu : les deux, mon capitaine ! Si vous allez en Serbie, ne soyez donc pas surpris de voir certains panneaux en alphabet latin et d’autres en cyrillique, c’est tout à fait normal ! Et je trouve ça très cool ! Alors, si ça peut entraîner quelques confusions pour les novices (alors attends là du coup c’est “PECTOPAN” latin ou cyrillique ?!), les Serbes, eux, sont totalement habitués à cette gymnastique alphabétique et ne voient même plus la différence.

2) Les Serbes ont un mot spécial pour désigner le fait de faire quelque chose tout en sachant que c’est une mauvaise idée

Ça s’appelle « inat » et je pense que c’est la chose la plus serbe qui puisse exister. Ce mot résume à lui seul toute la complexe psychologie de ce peuple slave que rien ne peut arrêter, pas même le bon sens. Il y a une question d’honneur dans l’inat. C’est un peu difficile à expliquer et je pense qu’il faut un contact prolongé avec la Serbie pour vraiment saisir ce concept dans toute sa profondeur, mais je vais essayer de vous donner quelques exemples de situations « inat » qu’il m’a été donné de rencontrer. Inat, c’est par exemple quand quelqu’un te dit « Dépêche toi on va être en retard à cause de toi », et où tu vas répondre « Ej iz inata neću » (traduction : Hé par inat je ne vais pas le faire). Je ne reçois pas d’ordre de ta part. Même si arriver en retard n’est pas dans mon intérêt non plus. Ça peut aussi être, plus bête et plus dangereux, « Tu n’es pas capable de conduire dans ton état » (par exemple un jour de chasse au badnjak) auquel cas, ton premier réflexe serbe sera de conduire dans cet état alors que tu sais très bien que tu ne devrais pas le faire car effectivement tu as trop bu de rakia, mais bon, quelqu’un t’a « provoqué » donc tu dois sauver ton honneur. C’est Inat.

3) Les personnalités serbes les plus célèbres à l’étranger ne sont pas très populaires dans leur pays d’origine

Alors, déjà , qui sont les personnalités serbes les plus connues ? Voici les trois qui me viennent tout de suite en tête et que vous connaissez sûrement : Émir Kusturica, le réalisateur des films « Le Temps des Gitans » ou « Chat noir chat blanc » (que je vous recommande absolument !) et qui est par ailleurs franco-serbe ; Goran Bregović, musicien en tournée dans le monde entier avec ses chansons phares comme Kalashnikov ou Ederlezi, et Novak Djoković, tennisman aux mille victoires, qu’on ne présente plus tant il est la personnalité serbe par excellence. Mais alors, pourquoi tant de défiance envers ses célébrités ? Pour certains, Émir Kusturica est la personne qui a entraîné la disparition prématurée du groupe Zabranjeno Pusenje (en français « Il est interdit de fumer », dont le nom a été repris par Kusturica lui même puisqu’il a créé le No Smoking Orchestra par la suite), puis le conflit irréconciliable entre ses membres très bien détaillé dans le documentaire « No Smoking in Sarajevo » sorti en 2016. Il fait aussi, comme Goran Bregović, la promotion d’une Serbie empreinte de culture gitane, tzigane, qui selon certains donnerait une mauvaise image de leur pays comme d’un endroit chaotique et vraiment fou (pour les films de Kusturica) ou tout simplement qui ne correspondrait pas à la réalité culturelle de leur pays (une mise en avant des musiques tsiganes par exemple chez Bregović qui effacerait aux yeux du monde les musiques traditionnelles serbes). Pour ce qui est de Djoković, les avis sont partagés : admiré par la grande majorité de la population pour sa générosité et ses actions caritatives en faveur des plus pauvres, ses déclarations contre la vaccination lors du Covid-19 ou son nationalisme affirmé ont pu être critiqués par une Serbie plus urbaine, jeune et tournée vers l’Ouest (tout en étant applaudis par la population conservatrice). Bref, comme toujours, les avis sont partagés !

4) La Slava est une fête unique dans le monde

La Serbie est un pays avec une majorité orthodoxe serbe. Les Serbes orthodoxes fêtent Noël et Pâques comme en Russie en suivant le calendrier julien, c’est à dire une quinzaine de jours après les Catholiques et certains Orthodoxes (roumain, par exemple) qui eux suivent le calendrier grégorien. Mais la particularité de l’Orthodoxie serbe réside dans la célébration de la « Slava », la fête du Saint Patron de la maisonnée. En effet, chaque « maison » ou famille se tient sous la protection d’un saint que l’on se doit de célébrer chaque année. Le plus répandu est Sveti Nikola le 19 décembre, mais il existe également la Slava de Sveti George et pleins d’autres Sveti quelque chose. A cette occasion, la famille invite ses voisins, ses amis, sa famille à partager un grand repas chez eux. Les invités coupent le pain à l’entrée et boivent un verre de vin (ça vous rappelle quelque chose ?). Quand une femme se marie, traditionnellement elle va vivre dans la famille de son mari et change donc de Slava à cette occasion. Et, si la Slava familiale tombe pendant le carême de Pâques, le repas reste abondant mais traditionnellement sans viande, seulement du poisson.

5) La Serbie est un pays multi-ethnique avec des différences régionales très fortes

Si vous visitez la Serbie du Nord au Sud et d’Est en Ouest, vous vous rendrez vite compte que le pays, malgré sa taille relativement modeste, conserve des particularités régionales très fortes. Déjà, entre les trois grandes villes du pays, Belgrade, Novi Sad et Niš, l’ambiance est totalement différente. Alors que Belgrade est urbaine, électrique et européenne (une vraie capitale festive!), Novi Sad est nonchalante, colorée et baroque (la région de la Voivodine ayant été sous domination austro-hongroise de nombreuses années) et Niš est quant à elle fière, vivante et sauvage (dans le bon sens du terme), un héritage de la domination ottomane. Ces différences régionales se voient mais elles s’entendent aussi dans les accents (je vous le racontais déjà en 2018). Mais, en plus de ces 3 pôles culturels, d’autres spécificités sont présentes : une minorité hongroise est très présente vers Subotica, dans le Nord du pays ; à Novi Pazar, plutôt à l’Est, c’est l’identité musulmane qui très forte. Au total, la Serbie réunit officiellement jusqu’à 20 minorités, certaines d’entre elles ne comptant que quelques centaines d’individus (c’est le cas des Égyptiens par exemple, dont on est pas vraiment sûrs qu’ils viennent d’Égypte) mais qui peuvent tout de même exercer leurs droits comme indiqué dans la constitution serbe : chaque minorité a le droit de se constituer en Conseil national, et, dans la mesure de ses moyens, de proposer éducation et média dans sa langue.

6) Les horaires ne sont pas du tout les mêmes qu’en France

Il m’est arrivé de passer plusieurs semaines consécutives en Serbie et de pouvoir ainsi vraiment vivre le quotidien à la serbe. Je me suis rendue compte que nous vivions à des horaires très différents et cela a été difficile pour moi de m’adapter, notamment au moment des repas. Par exemple, en Serbie, on commence à travailler plus tôt qu’en France, vers 8h. Les serbes achètent leur petit-déjeuner (bureks, feuilletés au jambon et au fromage, ou encore sandwichs « ouverts » qui sont en fait des tartines) à la « pekara » (boulangerie) qu’ils mangent à la pause sur les coups de 11h. Après leur journée de travail, qui finit également plus tôt, ils rentrent à la maison et prennent en famille ce qui s’apparente à notre dîner (mais qu’ils appellent « ručak », le déjeuner) à 16h. Autant vous dire que pour les Français, c’est vraiment étrange de se mettre à table et de manger une soupe au poulet et des pommes de terre à l’heure du goûter (même si j’ai vite pris le pli, pas d’inquiétude !). Au final, vous vous direz, mais comment font-ils pour ne pas avoir faim jusqu’au soir ? Et bien, pas de miracle, il y a vers 20h ou 21h un deuxième dîner ou un goûter plus secret qui prend plutôt la forme d’un grignotage des restes du déjeuner / dîner. Ouf, je suis sauvée.

J’espère que cet article vous a plu et vous a fait découvrir de nouvelles facettes de la culture serbe ! N’hésitez pas à partager vos impressions en commentaire 🙂 À très bientôt ou comme on dit en serbe, vidimo se uskoro !

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