Une virée à Pirot, le secret le mieux gardé de Serbie

Chers lecteurs, chères lectrices, bonsoir !

Mes excuses tout d’abord pour ce long silence. Ce dernier mois a été riche en émotions et en bouleversements. Comme certains d’entre vous le savent déjà, j’ai déménagé au début du mois de novembre en Serbie, plus précisément dans la ville de Pirot, pour devenir lectrice de français dans plusieurs établissements scolaires du secondaire. Déménager dans un nouveau pays, même si je commence à bien connaître la Serbie (et que je déménage souvent aussi, c’est vrai), est toujours une aventure très énergivore, d’où le manque de publications. Néanmoins, j’avais à cœur de vous partager mon expérience, de vous montrer un peu à quoi ressemble mon nouvel environnement, et surtout de faire une petite promo pour cette région et cette ville peu connues qui ont pourtant tant à offrir.

Gooooood morniiiiiing Pirooooot !!!

On commence donc aujourd’hui par le commencement, avec une virée à Pirot, le secret le mieux gardé de Serbie ! Mais pourquoi j’associe Pirot et le secret, me direz vous ? Quel est donc le mystère mystérieux qui entoure cette petite ville que je m’apprête à vous présenter ?

Figurez-vous que j’ai été de nombreuses fois surprise face à la réaction d’amis ou de connaissances serbes quand je leur expliquais que j’allais m’installer à Pirot. J’ai entendu beaucoup de « Zašto bre? » (Pourquoi ? *bre = onomatopée qui ne veut rien dire*) quelques « Stvarno! » (Vraiment !) et surtout des « Dobro… » (OK…) pour le moins… Dubitatifs. Apparemment, Pirot n’a pas la côte (oui, petite rime ici), que ce soit chez les Belgradois, les Nišois ou les Kruševaciens. Paraît-il qu’à Pirot les gens parlent bizarrement (presque bulgare, imaginez !) et qu’il n’y a pas grand chose à faire. Et bien, heureusement, j’adore me rendre là où on ne m’attend pas et je ne me suis pas arrêtée à ces commentaires emplis de doute.

Généralités

Pirot est une ville du sud-est de la Serbie située à mi-chemin entre Niš, la capitale du sud, et Sofia, la capitale bulgare. Pirot est une petite ville, certes, environ 50000 habitants, mais très agréable à vivre ! En terme de taille nous pouvons comparer Pirot à Vichy, en France. Pourquoi Vichy en particulier ? A cela trois raisons (oui oui, je n’écris rien par hasard). La première c’est que c’est une ville que j’ai eu l’occasion de visiter de nombreuses fois ces derniers temps (coucou Mimile et Philou). La deuxième, c’est que Vichy est bien, voire très bien connue des Pirotois. En effet, à Vichy il existe un centre de Français Langue Etrangère très connu, j’ai nommé le CAVILAM, où de nombreux professeurs et élèves viennent se former, parmi lesquels mes collègues professeurs de français Serbes, ainsi que leurs élèves. Moi qui pensait commencer à bien connaître Vichy, quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai découvert que certains de mes collègues serbes à Pirot se sont rendus près de dix fois à Vichy, mais une seule fois à Paris !

Enfin, la troisième raison, c’est que plus généralement Pirot est très liée à la région Auvergne, notamment à la ville de Clermont-Ferrand (proche de Vichy, donc, pour les nuls en géographie), puisque Michelin y a installé une usine de pneus gi-gan-tes-que appelée Tigar Tyres, qui pollue pas mal les environs mais fait également tourner une grosse partie de l’économie locale. Pirot fait donc partie du « réseau international des villes Michelin » (ça existe !). C’est d’ailleurs la présence de cette usine qui explique la popularité du français dans cette région de Serbie jusqu’à avoir reçu le surnom très officieux d’ « enclave de la francophonie« . Et c’est même Tigar Tyres qui finance en partie le poste de lecteur FLE à Pirot. La boucle est bouclée !

(A cela, j’ajouterais encore une anecdote incongrue, puisque je découvre à l’instant un lieu de pêche en France qui s’appelle « l’étang de Pirot » et qui se trouve, oui, je vous le donne en mille, dans le département de l’Allier, et donc en Auvergne… Coïncidence ? Je ne pense pas.)

Environnement

J’ai eu plusieurs surprises positives en arrivant à Pirot. D’abord, c’est une ville où il y a du recyclage. Bon, pas beaucoup, certes, mais c’est la première fois que je vois en Serbie des emplacements spéciaux dédiés aux bouteilles en plastique qui ne soient pas cassés, et même au contraire, bien remplis. C’est déjà un bon début, non ? Et avec le système des consignes pour les bouteilles de bière en verre (que je consomme de temps en temps oui j’avoue, bien que la madame du magasin du coin ait eu des difficultés à me faire comprendre commence ça marche avec mon niveau de serbe tout pourri), ça pourrait potentiellement régler l’ensemble du recyclage de l’objet bouteille (bon, en réalité ce n’est pas encore le cas, mais dans le futur, peut-être…).

Autre bonne nouvelle pour l’environnement : grâce à la taille modeste de la ville et à des routes plates sans (trop) de trous, les locaux ont délaissé la voiture pour lui préférer la bicyclette. En plus, à Pirot, il n’est même pas nécessaire d’accrocher son vélo, et on peut donc faire ses courses tranquillement sans s’imaginer sa selle volée, son pneu crevé, ou pire encore, sa fidèle monture disparue (je suis encore traumatisée par l’expérience bordelaise).

Malheureusement, et pour être 100% honnête, malgré le recyclage débutant et une population à bicyclette, il faut admettre que la ville reste quand même un peu polluée, que ce soit au niveau des déchets ou de la qualité de l’air. En effet, la collecte des déchets n’est pas encore optimum, et que ce soit le chauffage au bois ou l’usine de pneus géante, située en bord de ville, il y a quand même comme de la fumée dans l’air, surtout en hiver. Mais bon, quelle ville n’est pas polluée, après tout ?

Sortir

Pirot est connue pour avoir les plus beaux quais de Serbie : un lieu super agréable pour se balader et faire un pique nique quand la météo le permet. La rivière coule non loin du centre ville et le soir, les douces lumières des lampadaires rendent cet endroit féerique. Il est intéressant de noter que Pirot fut une ville longtemps coupée en deux entre un quartier serbe et un quartier turc, lors de la longue occupation de la Serbie par l’Empire ottoman (qui a quand même durée environ 400 ans). Même si les échanges marchands étaient nombreux entre les deux communautés, chacun gardait quand même son côté du pont. Pour en savoir plus sur le passé de Pirot et son organisation marchande, rendez-vous au musée Ponisavlje. Ce musée est en réalité l’ancienne maison d’un marchand nommé Mali Rista, construite en 1848, où Serbes et Turcs se rencontraient pour faire du commerce. La visite guidée est relativement courte mais dense en terme d’information, si toutefois vous comprenez le serbe. Le guide que nous avons eu semblait néanmoins également maîtriser un peu l’anglais. Sinon, Wikipédia est toujours là pour vous aider (faites un don !). Faites également un stop dans la boutique du musée (évidemment) pour faire le plein de petits souvenirs artisanaux Pirotois.

Si vous préférez vous balader au bord de l’eau… Ouais non c’est pas moche hein ?

Une autre sortie charmante que vous pouvez faire à Pirot est d’aller visiter la forteresse Kale également juste à côté de la rivière. C’est vraiment l’image carte postale de Pirot (si toutefois il y avait des cartes postales de Pirot…) et c’est une balade très agréable d’où l’on peut avoir une jolie vue sur la ville. Cette forteresse date du 14ème siècle et aurait été construite par un Bulgare (mais ne le dites pas aux Serbes !). Vous trouverez par ailleurs aux environs du pont un grand marché chaque jour, cœur de la vie sociale pirotoise et lieu absolument incontournable tant il est pittoresque. Au niveau de l’artisanat local, vous trouverez de nombreux objets ornés d’une forme géométrique ressemblant une tortue, symbole de la ville pour une raison que j’ignore, ainsi que des grands tapis riches en décoration, le « Kilim » (du nom historique de Pirot en turc, « Kilim Şarköy »), que je trouve absolument magnifique et qui, selon la légende, pouvaient être utilisés pendant 300 ans (précision du guide du musée : 150 ans de chaque côté) !

Manger

Comme les visites culturelles, ça creuse, je vous conseille après vous être remplis le cerveau d’informations de vous remplir l’estomac de nourriture serbe. Ça tombe bien, juste à côté du musée précédemment cité, il y a le Kafana Ladna Voda (« eau froide » en français, drôle de nom il faut le dire) officiellement élu meilleur Kafana de Serbie par un jury composé de Sasa et moi-même (c’est incroyable). Tout y est ! La décoration traditionnelle, la nourriture exceptionnelle, le menu de 1000 pages qui vous présente même les différents motifs de tapis traditionnels de Pirot en plus des spécialités culinaires (ou comment se cultiver tout en salivant), et, bien sûr, la fameuse rakija (ou comme on dit à Pirot, la « raćia »), eau de vie locale qui vous réchauffera les boyaux.

La spécialité locale ? Une « saucisse repassée » aux vertus aphrodisiaques (apparemment) et les meilleurs poivrons farcis du pays. Si vous avez déjà testé en long large et travers les Kafanas serbes pendant votre séjour et que vous souhaitez découvrir quelque chose de différents, sachez qu’à Pirot vous trouverez également la meilleure pizzeria de Serbie (et je rigole pas), j’ai nommé, la pizzeria Mamma Rossa ! Des ingrédients frais, locaux, des recettes classiques et plus originales, une ambiance conviviale qui fait rêver, bref, comment vous dire, vraiment l’un de mes endroits préférés sur terre. Je vous conseille évidemment d’opter pour la « Pizza Pirot » ou la « Stara Planina », du nom de la montagne juste à côté.

Ailleurs dans la région

Et puisqu’on parle de montagne juste à côté, cela m’amène à mon dernier point : l’environnement autour de Pirot est exceptionnel. Véritable point fort pour la ville, ses alentours offrent une grande variété de paysage encore peu explorés à découvrir sans modération. Faire une randonné jusqu’au point le plus haut de Serbie, au sommet de Stara Planina, à quelques mètres de la Bulgarie, partir à la recherche des petites cascades perdues dans les forêts, tomber sur un monastère au milieu de… Rien ! Voilà le genre d’aventures littéralement hors des sentiers battus que vous pouvez vivre dans cette région au sud-est de la Serbie. Je vous invite par ailleurs à découvrir le récit de mon aventure à Gostuša, le « village de pierre » avec des amis en or, une balade vraiment formidable.

Les habitants de la région sont par ailleurs tout à fait charmants, accueillants, et fiers de leur territoire qu’ils cherchent à protéger. Ces dernières années, de nombreuses initiatives locales se sont créées pour lutter contre la construction de mini-centrales hydroélectriques qui dénaturent le paysage en enfermant les rivières dans de gros tuyaux. Et ça, dans les villages de montagne, ça ne passe pas. Et même que Manu Chao en personne est allé les soutenir dans leur combat.

Alors, vous venez bientôt ? 🙂

PS : Je tiens à dédier cet article à tous ceux qui ont rendu mon séjour à Pirot agréable malgré couvre-feu et cours en ligne : l’ensemble du personnel du lycée de Pirot pour leur accueil et leur gentillesse, mes collègues professeurs de français et en français pour leur travail et leur investissement (au lycée mais aussi dans les écoles), mes élèves pour leur trav présence (mais ouiii leur travail aussi šalim seee), et une mention spéciale à Ivica, coordinateur du projet, sans qui rien de tout cela ne serait possible ! Hvala lepo à tous et j’espère vous recroiser bientôt ! 🙂

3 réflexions sur “Une virée à Pirot, le secret le mieux gardé de Serbie

  1. Ahhhh Pirot! J’en ai des supers souvenirs. J’étais lectrice à Belgrade en 2019/2020 et j’ai rendu visite à la lectrice de Pirot plusieurs fois, pour y passer Noël d’ailleurs 😀
    Quel bel article à propos de cette petite ville qui a beaucoup à offrir! Et cette pizzeria… un trésor bien caché! Cette période de lectorat me manque!

    Je viens de revivre toute mon année en te lisant, haha
    Hvala lepo 😀
    Anastasia

    Aimé par 1 personne

  2. Meilleurs villes de Serbie ! Les paysages sont très beaux et la nourriture est authentique ! Sans oublier les plus belles filles au monde ! J’ai rencontré ma femme là bas ! Pozdrav !

    J’aime

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