La Namibie, c’est namibien ! Ce jeu de mot, inventé par un cher collègue de couloir, souligne avec la bonne intonation que la Namibie c’est un pays « bien » (et bien sûr aussi, namibien, mais là n’est pas l’affaire). Et, je confirme, on s’y sent très bien ! 🙂

Cela se ressent dès l’arrivée à l’aéroport de Windhoek et les premiers pas sur le tarmac. Nous sommes en Afrique, mais c’est une Afrique nouvelle pour moi, que je découvre complètement : l’Afrique australe, à la pointe du continent, un peu oubliée de nos radars francophones et des gros titres de l’actualité internationale. Je crois que je n’ai jamais été aussi loin de chez moi. Et pourtant, je sens déjà que je vais m’y plaire.

Nos premières semaines à Windhoek ont consisté à prendre nos marques dans la ville et à nous installer dans notre nouvelle demeure entièrement vide. Nous avons donc passé beaucoup de temps à arpenter les rues à la découverte des magasins de meubles, de décoration, d’électroménager… Une façon originale de découvrir la ville !
Cela paraît bête à dire tellement cela me semble une évidence désormais, mais sachez qu’en Namibie, et d’autant plus à Windhoek, on trouve tout le nécessaire : les rayons des supermarchés sont pleins de produits importés d’Afrique du sud ou de produits européens, les centres commerciaux modernes vous accueillent même le dimanche pour faire vos courses (bon, j’avoue, pas tous, mais certains oui !), vous pouvez payer par carte absolument partout, l’eau est potable, la ville est propre, les routes sont belles, et tout le monde roule avec des énormes 4×4 : bref, si on est pas attentif on se croirait un peu aux Etats-Unis.



Et, finalement, c’est ce qui me choque le plus en arrivant en Namibie : à quel point je ne suis pas dépaysée ! Et ça me semble louche ! Quelques indices me font tiquer face à cette carte postale : même si les Blancs ne représentent que 1,8% de la population namibienne, j’ai l’impression d’en voir une beaucoup plus grande proportion dans les jolis restaurants de la capitale ; alors que tous les serveurs sont Noirs. Tout le monde roule en 4×4 mais beaucoup de gens attendent également sous un soleil de plomb un taxi collectif qui tarde à arriver. Il paraît qu’il existe un quartier où vivent la majorité des habitants de Windhoek, et pourtant, les expats n’y vont jamais. Quel est ce mystère ?




Le climat lui aussi nous surprend par ses variations de température extrêmes. Nous sommes en septembre et, si la journée il fait presque 30 degrés, dès que le soleil se couche les degrés chutent et gare à celui ou celle qui aurait oublié son pull. L’air est très sec et il faut boire beaucoup d’eau dans la journée et s’hydrater la peau. Les Namibiens ne sortent jamais sans leur vaseline qu’ils utilisent comme crème hydratante. La nuit, certains expats nous disent dormir avec des humidificateurs ; on pense pouvoir s’en passer, mais après quelques jours, on commence à sentir les effets de la sécheresse et même à saigner du nez, c’est dire si l’humidité est absente de ce pays. D’ailleurs, on nous le dit tout de suite : la Namibie est en train de vivre sa pire sécheresse de l’histoire et l’eau doit être utilisée avec parcimonie : interdiction de garder sa piscine ouverte pour éviter l’évaporation de l’eau (grave problème d’expatrié), amende en cas de surconsommation d’eau, pas d’arrosage de jardin, etc.

L’eau publique étant rationnée, les producteurs de bières doivent donc se tourner vers les puits privés afin de brasser la boisson préférée des Namibiens, qui sont les 9èmes consommateurs de bière par habitant dans le monde. Ces puits se trouvent sur ce qu’on appelle ici des « fermes« , des exploitations immenses de milliers d’hectares voire plusieurs dizaines de milliers d’hectares appartenant à une famille. Le pays en est recouvert et chaque fois que vous voyez une barrière courir pendant des heures le long de l’autoroute, c’est une ferme. Ainsi, 42% du territoire namibien est privatisé, sans compter les fermes appartenant à l’Etat, et quelques happy fews se partagent les lieux. Cela pose question, en Namibie comme dans les pays voisins, mais le retour de la terre aux habitants « ancestraux », pré-colonisation, quoique légitime, n’est pas une démarche si simple pour le pays. À qui donner la terre, dans un pays qui stipule dans sa constitution ne pas pouvoir traiter différemment certaines ethnies par rapport à d’autres ? Et comment s’assurer d’un partage équitable ? Si certains projets sont déjà en cours, la question bien compliquée de la « Land Reform » continue de se poser en Namibie.

Car, si comme je le disais au début, la Namibie, c’est namibien, qu’est-ce que cela signifie, « être Namibien » ? La population du pays est divisée en plusieurs groupes ethniques, culturels et linguistiques, parmi lesquels les Oshivambos sont majoritaires. Mais il existe aussi les Héréros, les Namas, les San, les Basters, les Himbas, les Allemands, les Afrikaners… Pour n’en citer que quelques uns ! Autant de communautés qui semblent vivre d’une certaine façon en harmonie, mais également assez séparées les unes des autres, dans un pays aux frontières dessinées par les puissances européennes : en tous cas c’est ce qu’on me dit. Les Namibiens, quand ils ne sont pas au sein de leur groupe ethnique, parlent entre eux l’anglais, langue officielle, ou l’afrikaans, langue similaire au néerlandais, qui est souvent celle qu’ils ont appris à l’école, quand la Namibie était encore une colonie sud-africaine, après avoir été une colonie allemande. Et oui, ça se complique…
Dans le creux de toutes ces informations reçues à notre arrivée se dégage l’idée que la Namibie est loin d’être un ensemble homogène. Elle dégage une complexité, une diversité et une richesse culturelle qu’il est encore difficile pour moi de cerner dans sa globalité, même après 6 mois de vie sur place. Malgré cela, la vie y est douce pour ceux qui en ont les moyens (les expats en premier lieu !) et j’ai hâte de pouvoir approfondir mes connaissances sur ce beau pays. J’essaierai de vous partager mes découvertes avec autant d’honnêteté que possible et j’espère ne pas vous raconter trop de bêtises. Si vous connaissez bien la Namibie, n’hésitez pas à apporter vos précisions voire vos corrections 🙂 Et si certains sujets vous intéressent plus que d’autres, n’hésitez pas à me le faire savoir, j’essaierai d’orienter mes recherches dans ce sens.
A très bientôt pour la suite ! 🙂


Très intéressant toutes ces informations sur l’histoire du pays et votre arrivée en Namibie 😍❤️ Déjà hâte de lire la suite. Des bisous néerlandais 🇳🇱🌷
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Bonjour Ingrid, nous avons eu un petit avant-goût des nouvelles namibiennes par tes parents que nous avons vus hier bd st Martin. Tu vas de dépaysements en dépaysements, toujours aussi riches les uns que les autres. Nous te souhaitons une belle expatriation et moult bonheur. Bisous de Brigitte et Philippe et salutations à ton époux que nous ne connaissons pas encore.
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Merci Ingrid pour toutes tes nouvelles .
Pour La vie de Luc , n’est ce pas une référence à …..
Saint Luc qui a béni l’eau pour que les pécheurs puissent avoir une pêche miraculeuse ?
Bises Marie
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