Après vous avoir un peu présenté l’Ethiopie et partagé nos premiers pas dans sa capitale Addis-Abeba, il est temps de s’envoler à nouveau, cette fois-ci à la découverte des merveilles naturelles du pays. Et pour cela, quoi de mieux que de commencer par la région Afar, située tout au nord de l’Ethiopie ? Dépression du Danakil, volcan Erta Ale en éruption, couleurs surréalistes de Dallol, lac de sel Karoum… Autant de noms énigmatiques qui, comme vous allez le voir, cachent des paysages tout simplement incroyables.
Alors que nous sommes à peine remis de notre arrivée dans la capitale, l’aventure continue et on se lève très (très) tôt pour reprendre la route de l’aéroport. Cette fois-ci nous nous rendons au terminal des vols internes : beaucoup plus petit et plus convivial ! On embarque dans un avion Ethiopian presque à l’heure direction Semera où nous avons rendez-vous avec notre guide Melese et notre chauffeur Dejen à bord de leur magnifique jeep. En effet, impossible de visiter l’Éthiopie sans cette énorme voiture et sans guide ou chauffeur pour vous accompagner, déjà pour des raisons de sécurité, mais aussi pour des raisons d’accessibilité car la région Afar est… Comment dire… Un peu hostile !

Après un petit déjeuner revigorant à Semera (dont un étonnant jus mangue/avocat super bon), c’est parti pour la première étape de notre excursion à la découverte des lacs de sel de la région Afar, notamment le lac Karoum. Et attention, en terme de route, ça ne rigole pas : comptez bien 7 heures de jeep sur une route plus ou moins construite (les Chinois sont apparemment partis avant de terminer leur œuvre au moment du Covid) donc, si comme Tomi vous êtes malade en voiture, accrochez vous les estomacs ! Sur la route nous découvrons des paysages arides, des cabanes construites par les peuples nomades qui habitent la région, quelques chameaux et des humains qui, on ne sait pas comment, survivent dans cet environnement où il fait 50 degrés à l’ombre (genre vraiment) et sans une goutte d’eau à l’horizon.









A mi-chemin, nous faisons une petite pause au restaurant Kahsay de Afrera pour le déjeuner : nous sommes rassurés, même ici, au fin fond de l’Éthiopie, il y a du coca et une télé géante qui diffuse le foot. La civilisation n’est jamais bien loin… Ouf ! On embarque avec nous Ali, un « scout » local qui nous accompagnera à partir de maintenant tout au long de notre voyage : une obligation désormais pour les agences de tourisme dans cette région, qui permet à la fois d’assurer la sécurité des touristes et de créer de l’emploi.


Arrivés au lac de sel, une séance photo s’impose alors que Tomi est en train de rendre l’âme. Heureusement, la chaleur commence à se dissiper et on trouve un peu d’eau salée pour se tremper les pieds en profitant d’un verre de rosé (notre guide pense à tout !). Même servi à température ambiante, ça requinque ! Les lacs de sel sont exploités par les locaux qui travaillent surtout la nuit pour éviter la forte chaleur de la journée. Les blocs de sel sont extraits manuellement : un travail de dur labeur, très physique, qui fait vivre les habitants de la région mais n’est malheureusement pas sans danger. Dernières photos avant de rentrer au village où notre dîner, préparé avec soin par notre chef Abdou, ainsi que notre campement, nous attendent. Ce soir, c’est dodo à la belle étoile dans le village de Ahmed Ela, sur des lits traditionnels et fabriqués artisanalement. Pour nos petits dos d’occidentaux, nous avons quand même droit à un matelas… Le confort est au rendez-vous 🙂











Après une nuit passée au son des camions énormes qui parcourent les routes de la région sans éclairage et sous un vent très chaud et sec, on se prépare à notre deuxième jour d’aventure. Réveil vers 6h (ou 0h locale), puis direction le Salt Canyon, digne de la planète Tatooine dans Star Wars. Il fait déjà très chaud et il faut ruser pour avoir de l’eau fraîche. C’est alors qu’on découvre la technique du « tissu mouillé enroulé autour d’une bouteille et mis le courant d’air » pour rafraîchir l’eau : c’est très efficace, et on se demande pourquoi ils n’ont pas fait ça avec le vin rosé la veille…










Après quelques photos en compagnie de ces concrétions rocheuses, on se rend à Dallol à 116m en dessous du niveau de la mer pour observer les paysages lunaires métamorphosés par le soufre. C’est l’un des endroits les plus bas de la planète et également l’un des lieux les plus chauds. Du bleu, du vert, du jaune… Pour le coup on en voit vraiment de toutes les couleurs ! Et malgré une odeur forcément peu ragoûtante, on s’imprègne de cet environnement unique en mutation constante puisque le soufre se déplace en fonction des conditions météorologiques.










Mais, pas le temps de niaiser, notre journée d’aventures est loin d’être terminée et il est temps de se rendre au volcan Erta Ale, deuxième lieu phare de notre séjour dans la région Afar. Quelques heures de voiture plus tard, on se dégourdi les jambes avec joie. Une sorte de bourdonnement se fait entendre en continu alors que nous arrivons sur notre lieu de campement : c’est celui du volcan en éruption qui ne nous attend pas pour cracher son pesant de soufre et son pesant de lave ! Une vision incroyable qui nous subjugue, nous impressionne, autant qu’elle nous effraie alors que nous voyons la lave exploser à vitesse grand V à seulement quelques mètres de nous. L’odeur de soufre est très forte et nous sommes obligés de nous couvrir le visage dans certaines zones en fonction du vent. Le champ de lave séché sur lequel on se déplace date seulement de quelques semaines et est très fragile : après avoir failli perdre notre guide dans un trou, nous avons compris que si nous voulons survivre à cette journée il valait mieux que nous suivions le chemin marqué par quelques cailloux qu’un autre guide avait créé pour son groupe (des Français fans de volcans bien sûr…). Je reste personnellement quand même à distance car je trouverais ça vraiment bête de mourir à cause d’une goutte de lave qui me tombe sur la tête mais les autres, plus téméraires, s’approchent. Et, avec la nuit qui tombe, le spectacle devient de plus en plus dingue ! Honnêtement c’était assez lunaire de se trouver là, surtout avec cette concentration de Français venus tout spécialement en Éthiopie pour voir ce volcan !
Le chemin de retour au camp se fait sous les étoiles et à la lumière des lampes frontales. On s’offre une nuit de luxe sous le ciel immense et on s’endort bercé par le ronronnement du volcan en ébullition. Une sacrée expérience.






Au 3ème jour de notre aventure dans le Nord de l’Ethiopie, il est déjà temps de rentrer à Addis car notre collègue Tomi est toujours malade et on commence à sentir le manque d’eau et d’hygiène sur notre corps et dans nos entrailles. Le retour jusqu’à Semera se fait à nouveau en jeep au rythme des routes construites puis abandonnées par les entreprises chinoises, des petites cabanes de locaux qui crament sous un soleil de plomb et des quelques chameaux qu’on croise ici et la mais pour lesquels nous n’avons même plus la force de nous extasier. L’aéroport qui nous semblait à notre arrivée une coquille vide devient bientôt le lieu de notre salut avec ses toilettes et sa vendeuse de bouteilles d’eau fraîches.


Au final, ce voyage bien que très court restera sûrement l’un des plus marquants pour nous tant par les paysages incroyables que nous avons vu que par les conditions de vie extrêmement hostiles dont nous avons fait l’expérience quelques jours. Je reste abasourdie de penser que des êtres humains puissent survivre dans ces conditions, avec une telle chaleur et sans accès ou presque à l’eau. Interrogé a ce sujet, Ali, le « scout » qui nous a accompagné pendant ces quelques jours, nous a répondu avec simplicité : c’est chez moi ici… Et en plus le village d’à côté a volé vingt vaches l’année dernière donc il faut que j’aille me battre pour les récupérer. 🙂



Une réflexion sur “Éthiopie : découverte de la région Afar au Nord du pays (épisode 3/4)”