C’est donc un beau jour de mercredi à 5h du matin (ou 11h version éthiopienne – si ça ne vous dit rien, je vous conseille la lecture de la partie 1/4 de récit) que nous faisons nos premiers pas dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba. Il fait encore frais (nous sommes en mars) et l’aéroport nous impressionne par sa taille et sa fréquentation à une heure aussi indue. Nous avons rendez-vous avec notre guide Melese, qui nous attendait à proximité, accompagné par son équipe : Dejen et Abdou, respectivement chauffeur et chef cuisinier lors de nos futures excursions en région.

Aparté : explorer l’Éthiopie peut s’avérer compliqué pour qui ne maîtrise pas les codes du pays (et, accessoirement, la conduite en 4×4). Certaines régions sont en conflits, certaines routes ne sont pas terminées et/ou parsemées de checkpoints étranges, bref, il est conseillé sur de nombreux sites, notamment celui du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères, de faire appel à une agence de tourisme locale. Les circuits proposés sont souvent assez similaires d’une agence à l’autre et il arrive même qu’elles se « donnent » des clients quand les participants ne sont pas assez nombreux pour rendre le séjour rentable. Les prix eux varient surtout en fonction du confort proposé.
Et attention, car c’est cher, et ça fait un choc au début pour celles et ceux habitués aux voyages petits budgets ! Comptez par exemple 400 dollars par personne pour un circuit de trois jours dans le nord du pays, 300 dollars dans le sud… Ce n’est pas négligeable ! Mais cela se justifie amplement par la logistique imposée. En effet, les prix incluent généralement tout : vols internes (si vous voyagez avec Ethiopian airlines pour aller en Éthiopie, vous pouvez avoir des réductions très importantes, sinon, votre agence de voyage vous prendra les billets à tarif avantageux car j’ai l’impression que personne ne paye les prix affichés sur internet 😅), transport en jeep de plusieurs heures par jour, nourriture, « logement » et, bien sûr, les salaires : notre groupe comptait presque autant de touristes que de staff !
En tous cas, pour nos voyages, nous avons fait confiance à Melese et son entreprise « Outstanding Simien Mountain Tours » que je vous recommande ! Même si nous n’avons pas visité les Simien Mountain en question, Melese nous a beaucoup aidé dans le choix de nos itinéraires, il s’est montré très à l’écoute de nos contraintes et nous a rendu pleins de petits services pendant notre voyage pour lesquels nous lui sommes vraiment reconnaissants. Il est en plus accompagné du meilleur chauffeur et du meilleur chef, donc, vraiment, vous pouvez faire confiance à cette équipe de choc ! Fin de l’aparté.





Au total, nous aurons passé environ 3 jours à Addis entre nos diverses excursions. Certes, c’est très court pour explorer une ville de presque 3,3 millions d’habitants, mais ce petit aperçu de la capitale éthiopienne nous a permis de découvrir pleins de facettes du pays : histoire, religion, économie et bien sûr, vie nocturne 🙂
- Addis, un concentré de religions et d’histoire
À peine arrivés dans notre auberge de jeunesse, j’ai nommé le Mad Vervet, lieu de convivialité au confort certes simple mais à l’ambiance inégalable, nous sommes tout de suite plongés dans la diversité religieuse éthiopienne. Nous qui voulions faire un petit somme bien mérité, on est réveillés 5min plus tard par l’appel à la prière de la mosquée voisine. On se dit, tiens, c’est vrai que c’est le ramadan, mais l’Éthiopie n’est elle pas un pays chrétien orthodoxe ? Et bien, ça dépend des régions ! Et à Addis, c’est presque moitié-moitié entre Orthodoxes et Musulmans. Presque, car il y a aussi les Catholiques par exemple. Justement, il y a aussi une église catholique à côté de notre hostel qui nous réveille à nouveau quelques heures plus tard au son des cloches. Super cette diversité religieuse de bon matin. Bon, c’est pas tout mais puisqu’on peut pas dormir, allons plutôt manger et faire un tour en ville.


Notre premier déjeuner éthiopien englouti, Saša, Michelle et moi commençons notre visite de la capitale avec la cathédrale de la Sainte-Trinité. Sa construction a été décidée par Haïlé Sélassié, le dernier empereur d’Ethiopie (au pouvoir de 1930 à 1936 puis de 1941 à 1974) qui y est par ailleurs enterré avec son épouse. L’église était malheureusement fermée au public pour travaux et nous nous apprêtions à en faire bêtement le tour quand, tout à coup, un guide sauvage à l’anglais approximatif est apparu tel un pokémon dans les hautes herbes pour s’occuper de nous. Cette rencontre, certes un peu contre notre gré, a porté ses fruits et nous avons finalement (presque) apprécié sa compagnie (je vous conseille de négocier votre prix en amont toutefois pour éviter les mauvaises surprises…). Après une courte interview donnée à des jeunes locaux dans le cadre de leur catéchisme, notre guide improvisé nous emmène tout d’abord voir le cimetière un peu particulier juste à côté de la cathédrale. Pourquoi ce cimetière est-il intéressant ? Car ici ne reposent que des stars (c’est un peu le Père Lachaise local) : le père de la dermatologie éthiopienne, le père de la publicité éthiopienne, des chanteurs… ou juste des gens riches en général. Nous faisons ensuite un petit tour dans le musée de la cathédrale et profitons des chants provenant de l’église orthodoxe traditionnelle, chantés à l’occasion des fêtes de Pâques. Pour information, il existe plusieurs architectures d’églises orthodoxes en Éthiopie, les rondes pleines de couleurs étant les traditionnelles.






Notre guide nous a ensuite emmené vers l’église Saint-Georges, située en face du palais présidentiel. Le bâtiment est magnifique et cache quelques secrets, notamment une crypte sous les tapis qu’on a pu visiter après les horaires d’ouverture moyennant le paiement d’un petit pourboire au gardien. Dans le sous-sol de l’église, donc, vous pourrez trouver pêle-mêle plusieurs trésors : les tombeaux du roi Ménélik II (au pouvoir de 1889 à 1913), de sa femme et de sa fille ; un cadeau de remerciements de la France pour la construction du chemin de fer jusqu’à Djibouti ; et, d’après notre guide, une peinture de Michel-Ange offerte par l’Italie en échange de la libération de prisonniers au moment de la « décolonisation » (même si, officiellement, l’Éthiopie n’a jamais été colonisée, l’Italie était présente dans la région de 1936 à 1941, années pendant lesquelles l’empereur Haïlé Sélassié s’est exilé en Angleterre). En tous cas c’est ce que j’ai compris de ses explications. Rien que pour cette histoire, notre guide méritait notre gratitude (et nos « birr », la monnaie éthiopienne).








Pour clôturer notre aventure religieuse à Addis Abeba, je pense qu’il est important de mentionner notre irruption improbable lors d’un rassemblement géant de Protestants tendance évangélique. Lors de notre deuxième journée dans la capitale, alors qu’on se baladait tranquillement dans les rues à la recherche de nourriture, la présence de nombreux policiers filtrant les entrées et les sorties piétonnes nous a intrigué. Nous avons décidé d’en savoir plus et c’est ainsi que nous avons assisté à ce festival d’un autre genre : tout en musique et sous un soleil de plomb, les locaux avaient l’air de s’en donner à cœur joie ! Eux aussi étaient intrigués par notre présence et c’est ainsi que nous avons été interviewés pour la deuxième fois de notre séjour.





- L’économie éthiopienne vue de la capitale
La première impression qu’on a en découvrant Addis, c’est une impression de grandeur et de dynamisme. Ici, c’est une vraie capitale ! Le trafic est dense, les gratte ciels semblent pousser comme des bambous, il y a de nombreux commerces… Bref, ça bouge pas mal. On sent quand même que, malgré des infrastructures pour, le tourisme qui s’était développé depuis une dizaine d’années n’est malheureusement plus vraiment d’actualité en raison des problèmes politiques qui n’encouragent pas les étrangers à venir. On est régulièrement abordés dans la rue, la plupart du temps avec beaucoup de bienveillance pour nous aider à trouver notre route, vérifier que tout va bien pour nous, mais aussi parfois pour nous demander tout simplement de l’argent de façon plus ou moins insistante. Car malgré le dynamisme économique tangible, difficile d’ignorer les disparités de niveau de vie même au sein de la capitale. Les hôtels de luxe côtoient les cabanes en tôle, les centres commerciaux fleurissent à côté des étals improvisés, et les Éthiopiens aisés partagent leurs trottoirs avec des familles à la rue. Après tout, c’est souvent le cas dans les capitales, mais l’écart de richesse est quand même plus impressionnant à Addis qu’à Paris.






Une des plus grandes entreprises éthiopiennes est Ethiopian Airlines du fait d’un projet étatique de développer le transport aérien et de faire d’Addis un hub aéroportuaire. La compagnie marche du tonnerre et pendant notre séjour d’une semaine nous avons pris 4 fois l’avion pour nous rendre en région : c’est le moyen de transport à la fois le plus économique (les billets sont subventionnés), le plus rapide (le réseau routier mériterait lui aussi de recevoir quelques investissements) mais également le plus sécurisé (l’avion permet d’éviter le passage des « frontières » inter-régions qui peut apparemment s’avérer compliqué).





Une autre visite vraiment marquante de notre séjour dans la capitale éthiopienne a été celle du marché principal de la ville, le « Mercato ». Il est gigantesque ! Je vous recommande d’y venir avec un guide, déjà car vous pourriez vous y perdre, mais surtout pour être sûr de ne pas manquer des endroits vraiment surprenants. En effet, si l’extérieur du marché est plutôt composé de vendeurs d’objets en tous genres, de vêtements et de chaussures, ou encore d’ustensiles de cuisine, bref des trucs normaux, il existe une zone bien plus étonnante… Heureusement pour nous, un autre guide Pokémon a surgit, sous la forme d’un vieux monsieur, et nous a montré le marché « traditionnel ». D’abord les épices, et, en s’enfonçant un peu plus, le coin des vendeurs d’animaux, puis celui de la métallurgie, et du cuir de banane. Une expérience sensorielle assez inoubliable que je vous recommande chaudement.









- Addis by night
Passons maintenant au sujet le plus important concernant Addis Abeba : sa vie nocturne ! Car Addis est une capitale jeune et moderne, elle propose des lieux de sortie assez cools pour qui est bien informé. Comme nous ne sommes pas restés longtemps sur place, on est surtout allés dans des lieux prisés par la communauté d’expatriés et la jeunesse « dorée » éthiopienne, plus facilement accessibles et (quand même) appréciés des locaux.
Notre première sortie a été, sans surprise pour tous ceux qui ont déjà visité Addis, au Fendika. Cette sorte de bar / lieu culturel / restaurant est à la fois un peu caché et littéralement the-place-to-be connu de tout le monde. Le lieu propose des concerts de jazz deux fois par semaine, des expositions, de quoi manger et boire et même un petit marché de créateurs. C’est vraiment le lieu culturel alternatif par excellence, je dirais même presque victime de son succès tant il est fréquenté et, par conséquent, plus vraiment alternatif si on en croit les locaux. A mon sens, cela reste une très bonne adresse pour avoir un aperçu de ce que la capitale éthiopienne peut proposer en termes de sorties. Le fondateur est Melaku Belay, un danseur et chorégraphe reconnu internationalement, anciennement enfant des rues. Il a même été nommé Chevalier des Arts et des Lettres par la France depuis 2015 (et pleins d’autres titres honorifiques européens saluant son travail artistique mais j’ai retenu que le français déso).





Autre ambiance, cette fois-ci en plein air, on a testé et validé pour vous le bar Atmosphere. Que ce soit les nombreux canapés en palettes disposés dans ce jardin géant, les délicieuses pizzas à déguster ou la perspective d’un cinéma en plein air, cet endroit est plein de potentiel et réserve sûrement beaucoup de bonnes surprises !

Et puis bien sûr, pour terminer cet article dédié à Addis Abeba, je devais vous reparler du Mad Vervet. Nous avons dormi dans cette auberge de jeunesse à chacun de nos allers-retours dans la capitale éthiopienne et, bien que parfois le confort a été un peu spartiate, nous y avons toujours été accueillis avec beaucoup de gentillesse et de bières fraîches. C’est vraiment un lieu convivial où vous ne resterez jamais seul très longtemps ce qui en fait le meilleur point de départ de tout voyage en Ethiopie. Que demander de plus ?

Enfin, pour en savoir un peu plus sur la vie en Éthiopie, je vous conseille la BD « Une Saison en Éthiopie » de Karim Lebhour et Vincent Defait, deux journalistes expatriés à Addis-Abeba pendant plusieurs années. C’est très distrayant tout en contenant beaucoup d’informations clés et d’anecdotes sur le pays 🙂
Merci pour votre lecture, j’espère que cet article vous a plu, et surtout, restez connectés pour la suite des aventures éthiopiennes avec les épisodes 3 et 4 qui sortent bientôt !


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